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LE HUREPOIX, mon pays…
Le territoire, la paysannerie, les productions

Hurepoix.  Personne ne sait d’où vient cette appellation.  C’est une partie du territoire qui s’étendait dans le passé entre Seine et Loire.  Il correspond à présent grosso modo au département de l’Essonne (voir la carte).

Dans son ouvrage « Les campagnes de la région parisienne à la fin du Moyen-âge » (1964), Guy Fourquin considère le Hurepoix comme le seul secteur assez déshérité des pays de « l’entour de Paris ». Des sols d’une pauvreté humide, sans limon, y dominent. Les calcaires de Beauce y ont été décalcifiés et sont devenus des meulières empâtées dans de l’argile.  Reposant sur des sables ou des grès et des marnes, elles ont donné des paysages où dominent les forêts, largement respectées par les hommes du Moyen-âge en raison du peu de valeur des sols où elles se trouvent.

On relève dans le Guide Géologique Régional « Bassin de Paris » (1974) de Ch. Pomerol et L.Feugueur, à propos du Hurepoix : Traverser le plateau de Beauce entre Châlo-Saint-Mard et Dourdan. En descendant vers cette ville où nous allons retrouver la vallée de l’Orge on saisit l’évolution du paysage. Au sud c’est la Beauce, plateau régulier recouvert de lœss ; au nord, le Hurepoix, région vallonnée et boisée dégagée dans les sables de Fontainebleau.  Deux facteurs ont favorisé ici, au Plio-Quaternaire, la dissection du plateau de Beauce : la proximité de la Vallée de la Seine qui coule 120 m en contrebas, d’où une importante érosion régressive et l’absence de la couverture protectrice du calcaire d’Étampes remplacé latéralement vers le nord par l’argile à meulière de Montmorency

Guy Fourquin ajoute : De même que le plateau du Hurepoix est différent des autres plateaux parisiens, de même les rivières qui le parcourent ne ressemblent guère aux autres cours d’eau parisiens.  Ailleurs richesse, ici pauvreté.  Leurs vallées à versants sableux et à fond noyé n’offrent que peu de ressources dans la plupart des cas.  Les villages, serrés au pied des pentes et qui ne peuvent s’étaler qu’aux confluents, trahissent la pauvreté rurale.  Pas d’opulence comme dans les villages des autres secteurs.  Pas de possibilité pour la population de s’étager sur les flancs des vallées.

Et, dominant les paysages à la lisière des bois,  des ruines de châteaux évoquent les conflits des premiers Capétiens avec leur féodalité pillarde, ainsi que l’angoisse d’une zone qui, tout au long de la Guerre de Cent Ans, fut la plus malheureuse de toute la région de Paris.

La démographie caractérise plus nettement l’Île-de-France dans la petite couronne qui, avant la guerre de Cent Ans, était la région la plus dense du royaume de France.  Caractéristique ancienne remontant peut-être au temps des Gaulois et expliquant le « miracle capétien » qui fit du prétendu « petit seigneur d’Île-de-France » le maître du royaume.

Au XIVème siècle, la densité de population était presque aussi forte qu’au XIXème siècle.  La région a peut-être été dès l’antiquité un pays d’immigration.  On ne peut déceler ce mouvement qu’à partir du XIIIème siècle.  La population est de moins en moins dense au fur et à mesure qu’on s’éloigne de Paris, et le Hurepoix est presque un vide démographique.

Malgré les propos de Guy Fourquin, des petites communautés sont venues sur ce territoire et ont « survécu ». Les moines qui ont évangélisé la région, après avoir défriché, ont établi des vignobles sur les coteaux orientés vers le sud, aux bons soins des paysans. On estime qu’au XVIIIème siècle 20 % du territoire de Châtres (Arpajon), Bruyères et Ollainville étaient occupés par la vigne. Les surfaces cultivées étaient approximativement les mêmes qu’au Moyen-âge et donnaient un vin de bonne qualité.  Les vignes des moines ou des seigneurs étaient souvent encloses de murs pour en faciliter la garde, d’où des lieux dans Bruyères qui ont gardé le nom de « clos ».Cette culture en enclos se pratique encore dans la région de Fontainebleau pour le Chasselas.

Il fallait plusieurs conditions pour cultiver la vigne : sol de pierre et de sable, coteaux bien exposés, climat doux, facilité de voies pour le transport, proximité des bois pour les échalas.

Le transport du vin se faisait  peut-être par l’Orge qui était navigable et passe non loin de Villelouvette ou par chariots en passant par Montlhéry.  Vente à Paris et exportation vers les Flandres, l’Angleterre, les pays nordiques.  Le vin était un fructueux commerce dès le haut Moyen Âge et procurait beaucoup d’argent aux moines. La profession de vigneron s’est transmise en père en fils jusqu’au début du XXème siècle.

L’accroissement de la population parisienne et l’essor des cabarets populaires ou guinguettes, de guinguet, nom donné aux vins de mauvaises années, ont fait baisser la qualité d’une partie de la récolte de la région au XVIème siècle.  La culture de la vigne a périclité à la fin du XIXème siècle en raison d’attaques de maladies et du phylloxera.  Le vin et le cidre étaient la boisson habituelle des paysans.  

L’homme est toujours ingénieux – surtout le Gaulois – pour faire quelque chose à partir de rien.  Cette région du Hurepoix, considérée comme pauvre par rapport aux sol riches de Beauce qui ont permis l’exploitation de grosses fermes dès la période romaine (on le voit 
par les prospections aériennes), ou peut-être avant, a su se développer d’une autre manière, 
petitement et plus harmonieusement.  

Les pierres meulières empâtées dans l’argile ont été récupérées patiemment en labourant la terre, elles ont servi à bâtir de solides maisons. S’il fallait construire de nos jours avec ces pierres-là, cela coûterait une fortune.  L’argile qui empâtait les meulière a servi à fabriquer des tuiles plates caractéristiques de la région.

Les ceps de vignes étaient la parure des demeures paysannes, les jardins des moines étaient garnis de treilles en berceaux. Les arbres fruitiers donnaient d’abondantes récoltes : figuiers, pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers, néfliers, noyers, châtaigniers, fruitiers sauvages.

La viticulture ayant été abandonnée progressivement elle fut remplacée par les cultures maraîchères qui, elles, étaient grignotées par l’extension de la ville de Paris. Par conséquent, à la fin du XIXème siècle, c’est notre région qui nourrissait les Parisiens. Selon les saisons, les primeurs étaient vendues sur le carreau des halles, puis les légumes d’été, et ceux d’hiver tels que les choux, les épinards, les poireaux, et des légumes que l’on présente comme des nouveautés maintenant et qui existent depuis belle lurette.  Les fruits suivaient le même chemin vers Paris, les volailles et les œufs aussi. Un légume qui a été la spécialité d’Arpajon, c’est le haricot Chevrier vert qui était traité d’une certaine façon après récolte pour garder sa couleur verte. On allait tous les vendredis au marché d’Arpajon.

On récoltait aussi de quoi nourrir le bétail (trèfle, luzernes aux fleurs violettes où virevoltaient des papillons bleus). Un peu d’avoine, mais pas suffisamment pour nourrir les chevaux. Du blé chez les plus gros cultivateurs. En attendant le battage les gerbes étaient tassées en meules